Coordination : Antoine Perreault
Rédaction du sondage : Julie-Anne Perrault
Analyse des données et rédaction du rapport : Marylie Roger
Révision : Liliana Turcanu
RAAQ
5225, rue Berri, bureau 100, Montréal, QC, H2J 2S4
Téléphone : 514-849-2018
Sans frais : 1-800-363-0389
Courriel : [email protected]
Septembre 2024
Table des matières
L’impact des nouveaux aménagements de mobilité durable chez les personnes handicapées visuelles. 1
Résultats de la consultation.. 5
Profil démographique des répondants. 5
Les habitudes de marche et de mobilité. 6
L’utilisation d’un mode de transport motorisé. 8
L’arrivée de nouveaux aménagements dans le quotidien. 9
L’évolution des comportements en mobilité à l’égard des personnes ayant une limitation visuelle 12
Le soutien du centre de réadaptation. 13
Préoccupations par rapport à l’arrivée des nouveaux aménagements 15
Incidents vécus dans le quotidien. 24
Autres situations qui compliquent les déplacements à pied. 26
L’impact des nouveaux aménagements dans le quotidien. 31
Impacts négatifs des nouveaux types d’aménagement dans le quotidien 32
Impacts positifs des nouveaux types d’aménagement dans le quotidien 35
Suggestions des répondants pour accroître la sécurité sur la voie publique 36
Mise en contexte
Depuis quelques années, de nouveaux aménagements du territoire visant à favoriser la mobilité durable ont fait leur apparition dans de nombreuses municipalités partout au Québec.
Rues piétonnes, pistes multifonctionnelles, développement du réseau de pistes cyclables : ces nouvelles configurations de l’espace public transforment la manière dont les piétons, les cyclistes et les véhicules motorisés cohabitent.
Or, les besoins et les réalités des personnes ayant une limitation visuelle ne sont pas toujours pris en considération dans le cadre de ces nouveaux aménagements, ce qui peut affecter leur capacité à se déplacer de manière autonome et à réaliser leurs activités quotidiennes, en plus d’augmenter leur sentiment d’insécurité.
Face aux préoccupations exprimées par les personnes ayant une limitation visuelle, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) a réalisé un sondage, dont l’objectif était de documenter les impacts de l’arrivée des nouveaux aménagements sur la mobilité des personnes ayant une limitation visuelle.
Faits saillants
- 91 % des répondants habitent dans un milieu de vie où il leur est possible de se déplacer à pied pour réaliser leurs activités quotidiennes.
- 76 % des répondants utilisent une aide à la mobilité lors de leurs déplacements, la principale aide utilisée étant une canne blanche.
- 80 % des répondants se déplacent toujours ou souvent à pied.
- Les interactions avec les cyclistes sont celles qui préoccupent le plus les répondants lors de leurs déplacements à pied, suivies des interactions avec les véhicules motorisés.
- 59 % se déclarent insatisfaits ou très insatisfaits de l’accessibilité des nouveaux aménagements qu’ils croisent dans leur quotidien.
- L’arrivée de nouveaux aménagements constitue une source de préoccupation pour 91 % des répondants.
- 71 % des répondants affirment qu’ils ne sont pas à l’aise de traverser une piste cyclable pour aller prendre l’autobus ou pour atteindre le trottoir. 67 % ne sont pas à l’aise de se déplacer sur une piste multifonctionnelle, et 52 % ne sont pas à l’aise de se déplacer sur une rue partagée.
- Les incidents sur les voies publiques sont fréquents : 61 % des répondants ont déjà été frôlés ou accrochés par un vélo ou une trottinette lors d’un déplacement à pied, et 44 % par une voiture ou un autobus.
- 57 % des répondants affirment que les nouveaux aménagements génèrent de nouveaux enjeux ou obstacles.
- Le sentiment d’insécurité et la perte d’autonomie figurent parmi les impacts négatifs les plus importants.
Méthodologie
- Nombre de répondants : 46 personnes âgées de 18 ans et plus
- Période de consultation : Printemps 2024
- Type de consultation : Sondage
- Type de questions : Questions à choix multiples et questions ouvertes
Résultats de la consultation
Profil démographique des répondants
Degré de limitation visuelle
- Basse vision/fonctionnellement voyant : 42 %
- Fonctionnellement aveugle avec un résidu visuel : 36 %
- Cécité totale : 20 %
- Surdicécité : 2 %
Tranche d’âge
- 18 à 24 ans : 0 %
- 25 à 64 ans : 59 %
- 65 ans et plus : 41 %
Région administrative
Un peu plus du quart des répondants (28 %) habitent dans la région de Montréal, ainsi que dans celle de la Capitale-Nationale (26 %). Quelques autres répondants sont en Montérégie (13 %), en Estrie (13 %) ou en Mauricie (9 %). Certaines régions plus éloignées de la métropole ou des grandes villes sont peu représentées, et certaines ne le sont pas du tout.
Région administrative, résultat complet :
- Bas-Saint-Laurent : 4 %
- Saguenay–Lac-Saint-Jean : 0 %
- Capitale-Nationale : 26 %
- Mauricie : 9 %
- Estrie : 13 %
- Montréal : 28 %
- Outaouais : 0 %
- Abitibi-Témiscamingue : 0 %
- Côte-Nord : 0 %
- Nord-du-Québec : 0 %
- Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine : 0 %
- Chaudière-Appalaches : 0 %
- Laval : 2 %
- Lanaudière : 2 %
- Laurentides : 0 %
- Montérégie : 13 %
- Centre-du-Québec : 2 %
Milieu de vie
La très grande majorité des répondants (91 %) habitent dans un milieu de vie où il leur est possible de se déplacer à pied pour réaliser leurs activités quotidiennes.
Milieu de vie, résultat complet :
- Milieu de vie où il est possible de se déplacer à pied pour réaliser les activités de la vie courante : 91 %
- Milieu de vie où il n’est pas possible de se déplacer à pied pour réaliser les activités de la vie courante : 7 %
- Ne sait pas : 2 %
Les habitudes de marche et de mobilité
L’utilisation d’aide à la mobilité
Près de la moitié des répondants (49 %) utilisent principalement une canne blanche ou un autre outil de détection lors de leurs déplacements. 13 % des répondants s’appuient sur la présence d’une personne accompagnatrice, et 9 % utilisent principalement un chien-guide lors de leurs déplacements. Environ le quart des répondants (24 %) n’utilisent aucune aide à la mobilité ; ceux-ci sont tous des personnes vivant avec une basse vision.
Type d’aide à la mobilité utilisée principalement lors des déplacements, résultat complet :
- Canne blanche ou autre outil de détection : 49 %
- Chien guide : 9 %
- Lampe/lunette de vision nocturne : 0 %
- Système optique télescopique : 0 %
- Personne accompagnatrice : 13 %
- Autre : 4 %
- Aucune aide à la mobilité : 24 %
L’utilisation d’un dispositif pour l’orientation
La majorité des répondants (61 %) n’utilisent aucun dispositif particulier pour s’orienter. Un peu plus du quart (28 %) utilisent une application cartographique comme Google Maps, et 9 % un appareil GPS adapté.
Dispositif utilisé pour s’orienter, résultat complet :
- Appareil GPS adapté : 9 %
- Application cartographique : 28 %
- Autre : 2 %
- Aucun dispositif : 61 %
L’utilisation d’un mode de transport motorisé
Lorsqu’ils doivent se déplacer avec un véhicule motorisé, la majorité des répondants (52 %) utilisent principalement le transport collectif régulier, comme l’autobus ou le métro. Un peu plus du quart (28 %) optent pour le transport adapté, et 15 % utilisent une voiture conduite par un proche aidant ou un bénévole. Les services de covoiturage ou d’autopartage ainsi que le taxi ou autre service similaire comme Uber ne sont pas utilisés comme mode de transport motorisé principal.
Mode de transport motorisé utilisé principalement, résultat complet :
- Voiture conduite par vous-mêmes : 4 %
- Voiture conduite par un proche aidant ou un bénévole : 15 %
- Covoiturage ou autopartage : 0 %
- Taxi ou service similaire : 0 %
- Transport adapté : 28 %
- Transport collectif régulier : 52 %
- Je n’utilise pas de transport motorisé : 0 %
Fréquence de déplacement à pied à l’extérieur
La grande majorité des répondants (80 %) se déplacent toujours ou souvent à pied. Seuls 2 % des répondants ne se déplacent jamais à pied.
Fréquence de déplacement à pied à l’extérieur, résultat complet :
- Toujours : 41 %
- Souvent : 39 %
- Parfois : 17 %
- Rarement : 0 %
- Jamais : 2 %
L’arrivée de nouveaux aménagements dans le quotidien
Aménagements rencontrés lors des déplacements
L’arrivée de nouveaux aménagements est une réalité avec laquelle doivent composer la plupart des répondants. En effet, seuls 7 % des répondants n’ont pas remarqué leur arrivée. Les pistes cyclables au même niveau que la rue ou au même niveau que le trottoir ainsi que les espaces publics avec du mobilier urbain figurent parmi les aménagements les plus fréquemment rencontrés par les répondants.
Aménagements rencontrés lors des déplacements, résultat complet (plusieurs réponses possibles) :
- Rue piétonne exclusive : 39 %
- Rue piétonne avec zone lenteur : 17 %
- Rue partagée : 41 %
- Piste multifonctionnelle : 41 %
- Pistes cyclables au même niveau que la rue : 67 %
- Pistes cyclables au même niveau que le trottoir : 48 %
- Motifs inégaux de pavés colorés sur les trottoirs : 15 %
- Surfaces colorées dans les traversées de rue : 30 %
- Sas vélo aux intersections : 11 %
- Arrêt de bus demandant de traverser une piste cyclable : 35 %
- Carrefour giratoire (ou rond-point) : 28 %
- Traverse de rue sans signalisation pour les voitures : 35 %
- Espaces publics avec du mobilier urbain : 61 %
- Autre : 11 %
- Je n’ai pas remarqué ces aménagements : 7 %
Feux de circulation
Près d’un répondant sur dix (9 %) affirme que des feux de circulation ont été retirés de certaines rues à proximité de chez eux.
Des feux de circulation ont-ils été retirés sur certaines rues à proximité de chez vous? résultat complet :
- Oui : 9 %
- Non : 74 %
- Ne sait pas : 17 %
Dalles podotactiles
Près de la moitié des répondants (45 %) affirment quant à eux que des dalles podotactiles ont été ajoutées sur certains trottoirs à proximité de chez eux.
Des dalles podotactiles ont-elles été ajoutées sur certains trottoirs à proximité de chez vous ? résultat complet :
- Oui : 45 %
- Non : 48 %
- Ne sait pas : 7 %
Toutefois, certaines dalles podotactiles seraient mal installées selon un répondant. Certaines seraient aussi difficiles à repérer.
Témoignages :
- « Dalles podotactiles mal installées »
- « Pour les dalles, j’ai encore un peu de difficulté à les repérer de façon certaine et surtout de détecter le début et la fin, près d’une extrémité de trottoir (coin de rue). »
Signaux sonores
De même, la moitié des répondants (51 %) affirment que des signaux sonores ont aussi été ajoutés à certaines intersections à proximité de chez eux.
Des signaux sonores ont-ils été ajoutés à certaines intersections à proximité de chez vous ? résultat complet :
- Oui : 51 %
- Non : 47 %
- Ne sait pas : 2 %
Bien que l’ajout de signaux sonores ait un impact positif sur la mobilité des répondants, certains s’inquiètent du fait qu’ils ne sont pas toujours assez forts et qu’il n’y en a pas assez aux intersections.
Témoignages :
- « des feux sonores qui ne sont pas toujours assez forts. »
- « Pas assez de feux sonores. »
- « Le système sonore ne fonctionne pas toujours assez fort. »
- « Temps de traverser trop court pour le compte à rebours. Sur certaines intersections, pas de feu sonore, très achalandées. »
- « Cependant, les ajouts sonores aux coins des rues ne me sont pas utiles, car je ne sais pas vers quelle direction le signal sonore m’invite à traverser. Un vrai mystère ! »
L’évolution des comportements en mobilité à l’égard des personnes ayant une limitation visuelle
Interactions avec les cyclistes
Les interactions avec les cyclistes sont celles qui préoccupent le plus les répondants lors de leurs déplacements à pied. En effet, 69,5 % estiment que, de manière générale, les cyclistes ne se préoccupent pas de leur sécurité, ce qui représente un peu plus de deux répondants sur trois.
À quel degré êtes-vous en accord avec l’affirmation suivante : les cyclistes se préoccupent généralement de ma sécurité. résultat complet :
- Fortement en accord : 5 %
- En accord : 25,5 %
- En désaccord : 37 %
- Fortement en désaccord : 32,5 %
Interactions avec les conducteurs de véhicules motorisés
Les interactions avec les conducteurs de véhicules motorisés préoccupent elles aussi les répondants. 62,5 % d’entre eux estiment que les conducteurs, de manière générale, ne se préoccupent pas de leur sécurité.
À quel degré êtes-vous en accord avec l’affirmation suivante : les conducteurs et conductrices de véhicules motorisés se préoccupent généralement de ma sécurité. résultat complet :
- Fortement en accord : 2 %
- En accord : 35,5 %
- En désaccord : 47 %
- Fortement en désaccord : 15,5 %
Interactions avec les piétons
En ce qui concerne les interactions avec les autres piétons, 33 % des répondants estiment que les piétons, de manière générale, ne se préoccupent pas de leur sécurité.
À quel degré êtes-vous en accord avec l’affirmation suivante : les piétons et piétonnes se préoccupent généralement de ma sécurité. résultat complet :
- Fortement en accord : 5 %
- En accord : 62 %
- En désaccord : 31 %
- Fortement en désaccord : 2 %
Le soutien du centre de réadaptation
Demande de services du centre de réadaptation
Au cours des trois dernières années, environ un répondant sur trois (34 %) a demandé des services de son centre de réadaptation pour s’orienter dans un secteur comprenant de nouveaux aménagements.
Durant les 3 dernières années, avez-vous demandé des services de votre centre de réadaptation pour vous orienter dans un secteur comprenant de nouveaux aménagements ? Résultat complet :
- Oui : 34 %
- Non : 66 %
Qualité de l’expérience d’orientation et mobilité suite à la demande de services
Les répondants ayant demandé des services de leur centre de réadaptation en ce qui a trait à la mobilité et à l’orientation ont généralement vécu une expérience positive. Plusieurs répondants ont en effet indiqué que les services qu’ils ont reçus les ont aidés à apprivoiser les nouveaux aménagements et à pouvoir se déplacer de manière plus sécuritaire. Un répondant a toutefois mentionné que les solutions alternatives proposées par le centre de réadaptation imposent souvent de faire des détours, de sorte que les trajets deviennent plus longs.
Témoignages :
- « J’avoue qu’une séance d’orientation et mobilité était nécessaire pour comprendre comment une rue piétonne parfois partagée (traversées) fonctionne. »
- « Positive, j’ai appris l’utilisation du nouveau signal sonore. »
- « Satisfaisant, nous avons établi des stratégies afin d’être à l’aise de se déplacer dans ces nouveaux aménagements. »
- « À toutes les fois que j’ai des questions ou que j’ai besoin d’aide, j’appelle à l’IRDPQ le service de mobilité avec *nom d’une intervenante* et j’ai toujours de très bons conseils. »
- « La spécialiste était correcte, mais je trouve les solutions alternatives longues (détour). »
Préoccupations par rapport à l’arrivée des nouveaux aménagements
Niveau de satisfaction par rapport à l’accessibilité des nouveaux aménagements
Malheureusement, alors que la grande majorité des répondants sont confrontés à l’arrivée de nouveaux aménagements, une minorité seulement (41 %) se déclarent satisfaits de leur accessibilité. Au contraire, 59 % ne sont pas satisfaits de leur accessibilité, et parmi eux, 11 % se disent très insatisfaits.
Les personnes fonctionnellement aveugles ou vivant avec une cécité totale ou une surdicécité sont proportionnellement plus nombreuses que les personnes fonctionnellement voyantes à se déclarer insatisfaites ou très insatisfaites de l’accessibilité des nouveaux aménagements. En effet, 65 % des répondants qui se déclarent insatisfaits ou très insatisfaits sont des personnes fonctionnellement aveugles ou vivant avec une cécité totale ou une surdicécité.
De plus, les personnes âgées de 25 à 64 ans sont aussi proportionnellement plus nombreuses que celles âgées de 65 ans et plus à se déclarer insatisfaites de l’accessibilité des nouveaux aménagements. En effet, 69 % des répondants qui se déclarent insatisfaits ou très insatisfaits se trouvent dans la première tranche d’âge.
Enfin, parmi les répondants qui se déclarent insatisfaits de l’accessibilité des nouveaux aménagements, 88 % se déplacent toujours ou souvent à pied.
Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de l’accessibilité des nouveaux aménagements que vous croisez dans votre quotidien ? Résultat complet :
- Très satisfait : 5 %
- Satisfait : 36 %
- Insatisfait : 48 %
- Très insatisfait : 11 %
Préoccupations par rapport à certains nouveaux aménagements
L’arrivée de nouveaux aménagements constitue une source de préoccupation pour la très grande majorité des répondants ; seuls 9 % déclarent qu’aucun des nouveaux aménagements ne les préoccupe.
L’aménagement de pistes multifonctionnelles est la plus grande source de préoccupation des répondants ; 54 % se disent en effet préoccupés. Ensuite, les pistes cyclables, les rues partagées, les carrefours giratoires, les traverses de rue sans signalisation pour les voitures ainsi que les arrêts de bus demandant de traverser une piste cyclable figurent parmi les aménagements qui préoccupent près de la moitié des répondants. Le mobilier urbain disposé dans les espaces publics est aussi une source de préoccupation pour un peu plus du tiers des répondants (37 %).
Parmi ces nouveaux aménagements, certains vous préoccupent-ils particulièrement ? Résultat complet (plusieurs réponses possibles) :
- Rue piétonne exclusive : 15 %
- Rue piétonne avec zone lenteur : 20 %
- Rue partagée : 41 %
- Piste multifonctionnelle : 54 %
- Pistes cyclables au même niveau que la rue : 41 %
- Pistes cyclables au même niveau que le trottoir : 48 %
- Motifs inégaux de pavés colorés sur les trottoirs : 4 %
- Surfaces colorées dans les traversées de rue : 9 %
- Sas vélo aux intersections : 13 %
- Arrêt de bus demandant de traverser une piste cyclable : 43 %
- Carrefour giratoire (ou rond-point) : 41 %
- Traverse de rue sans signalisation pour les voitures : 41 %
- Espaces publics avec du mobilier urbain : 37 %
- Autre : 4 %
- Aucun de ces aménagements ne me préoccupe : 9 %
Aménagement de nouvelles pistes cyclables
L’aménagement de nouvelles pistes cyclables inquiète la majorité des répondants (60 %), principalement pour des raisons de sécurité.
L’aménagement de nouvelles pistes cyclables vous inquiète-t-il ? Résultat complet :
- Oui : 60 %
- Non : 40 %
La sécurité est en effet la principale source d’inquiétude pour les répondants, qui dénoncent la manière dont les pistes cyclables sont aménagées. Les nouvelles pistes cyclables sont en effet souvent mal délimitées par rapport au trottoir et à la rue, de sorte que les personnes ayant une limitation visuelle ne disposent plus de repères tactiles (comme une bordure de trottoir) pour se situer dans l’espace. Par conséquent, lorsque ces repères sont mal définis ou absents, cela peut entraîner des difficultés pour s’orienter, et augmenter le risque de se retrouver accidentellement sur une piste cyclable au lieu d’un trottoir.
Témoignages :
« Je m’inquiète tout particulièrement des aménagements de pistes cyclables dans le cadre de routes partagées, de pistes cyclables au même niveau que la chaussée et au même niveau que le trottoir, car ma cécité requiert qu’il y ait une délimitation marquée pour que je puisse m’orienter sans danger éminent pour ma sécurité. »
« Aussi, parfois il y a des reliefs en points qui indiquent un coin de rue, parfois qu’on traverse une piste cyclable. Mais comment peut-on savoir s’il y a une piste cyclable ou pas, une fois qu’on a traversé la rue ou qu’on pense qu’on a terminé de la traverser. Également, je ne peux aider mon chien-guide, car je ne sais même pas qu’est-ce que je viens de traverser, la piste cyclable ou la rue ! »
« Quand les pistes cyclables sont aménagées au même niveau que les trottoirs ou qu’elles sont partagées, on ne peut pas toujours entendre les vélos ou les véhicules qui arrivent qu’on ne peut pas prévoir. »
« De plus, il y a souvent peu d’indications entre la rue, la piste cyclable et le trottoir. »
« Une dénivellation existe entre la partie piétonne et la partie cycliste qui pourrait faire tomber l’utilisateur. »
« Sans savoir qu’il y avait dorénavant une piste cyclable sur Ontario, je croyais être sur le coin de rue, mais je crois que j’étais entre la piste cyclable et le trottoir ou carrément sur la piste cyclable. En fait, je n’ai jamais vraiment compris ce qui s’était passé. Tout ce que je sais, c’est qu’il y avait des véhicules de chaque côté de moi, mais que j’étais sur des points tactiles ! Deux dames sont venues m’aider et elles étaient incapables de m’expliquer où j’étais ! »
Traverse d’une piste cyclable pour aller prendre l’autobus ou pour atteindre le trottoir
Dans le contexte où la majorité des répondants sont préoccupés par l’aménagement de nouvelles pistes cyclables, 71 % affirment qu’ils ne sont pas à l’aise de traverser une piste cyclable pour aller prendre l’autobus ou pour atteindre le trottoir. Seulement 15 % des répondants sont à l’aise dans une telle situation.
Êtes-vous à l’aise de traverser une piste cyclable pour aller prendre l’autobus ou pour atteindre le trottoir ? Résultat complet :
- Oui : 15 %
- Non : 71 %
- Je n’ai jamais rencontré ce type d’aménagement : 14 %
L’inconfort exprimé par les répondants est directement lié à des enjeux de sécurité. Étant donné que les nouvelles pistes cyclables sont souvent mal délimitées, le fait de devoir les traverser pour atteindre l’arrêt d’autobus ou le trottoir expose les personnes ayant une limitation visuelle à un risque accru de collision avec des cyclistes.
Témoignages :
- « Parce qu’on les implante souvent au même niveau que la rue et l’on doit les traverser en embarquant/débarquant de l’autobus ou en traversant la rue, ce qui crée de nouveaux enjeux de sécurité pour les piétons aveugles. Je suis d’accord pour qu’on installe plus de pistes cyclables, mais dans des espaces clairement délimités. »
- « Les nouveaux aménagements de pistes cyclables sur la rue Saint-Denis sont non sécuritaires et dangereux pour les personnes aveugles ou amblyopes qui doivent traverser le trottoir et une piste cyclable pour trouver l’arrêt d’autobus. De nombreuses autres pistes sont ainsi aménagées. »
- « Les pistes cyclables peuvent rendre les traversées de rues moins sécuritaires, une piste cyclable entre l’autobus et le trottoir peut facilement poser des enjeux de sécurité. De plus en plus de vélos circulent et sont silencieux, ainsi, des accidents peuvent vite arriver. »
Les répondants qui sont préoccupés par les enjeux de sécurité soulignent également le défi supplémentaire posé par les vélos électriques. Puisque ces vélos sont presque inaudibles, ils sont plus difficiles à repérer pour les personnes ayant une limitation visuelle, car elles ne les entendent pas arriver.
Témoignages :
- « Les vélos sont silencieux, ils sont souvent inattentifs, il est impossible de traverser la rue de façon sécuritaire. »
- « Car pour les traverser, il nous faut entendre les vélos arriver. Avec les vélos électriques et le bruit ambiant de la circulation, nous ne les entendons pas. »
Par ailleurs, plusieurs répondants dénoncent le manque de civilité des cyclistes, ce qui augmente aussi les risques d’incidents.
Témoignages :
- « Malheureusement, les vélos ne respectent pas toujours les signalisations comme les arrêts-stops ou les traverses piétonnières. »
- « Plusieurs cyclistes ne font pas leur arrêt obligatoire, d’autres ne respectent pas le sens directionnel de la piste cyclable. »
- « Car les cyclistes ne font pas toujours l’arrêt aux lumières. »
- « Souvent mon expérience me démontre qu’ils [les cyclistes] ne se préoccupent pas des malvoyants. »
- « Présence d’une piste cyclable à la descente d’autobus : les cyclistes n’en tiennent pas compte, ne font pas leur arrêt obligatoire. »
- « Parce qu’on fait ces aménagements sans tenir compte du trafic et des piétons. Il serait judicieux de sensibiliser certains amateurs de vélo, de patins à roulettes et de skate de conduire plus prudemment au lieu de foncer sur les piétons. »
Déplacement seul sur une rue piétonne
Le quart des répondants (25 %) affirment qu’ils ne se sentent pas à l’aise de se déplacer seuls sur une rue piétonne.
Êtes-vous à l’aise de vous déplacer seul sur une rue piétonne ? Résultat complet :
- Oui : 62,5 %
- Non : 25 %
- Je n’ai jamais rencontré ce type d’aménagement : 12,5 %
Contrairement aux trottoirs qui fournissent des repères pour s’orienter, les rues piétonnes offrent généralement moins de repères, ce qui peut entraîner des difficultés d’orientation.
Témoignages :
- « Pour ce qui est de la rue piétonne à l’université, cela me complique la vie, car souvent je dois demander de l’aide d’une personne pour retrouver mon chemin. »
- « Manque de points de repère dans des rues piétonnes. »
- « Pour ce qui est de mon orientation dans une rue piétonne, j’ai encore beaucoup de difficulté à m’y retrouver. »
- « Sur une rue piétonne où il y a des terrasses d’installées un peu partout, préférant employer le trottoir à la rue pour mieux m’orienter, les trottoirs étant souvent difficilement repérables avec la canne blanche, car ils sont souvent au même niveau que la rue. À un autre endroit où je dois emprunter une rue piétonne, il n’y a pas de trottoir et il y a plein de poteaux et d’affiches dans le chemin que je dois contourner tant bien que mal, où les coins de rue sont en rond, faisant en sorte que j’ai un mal fou à savoir quand tourner dans un sens ou dans l’autre pour aller dans telle ou telle direction. »
Déplacement seul sur une rue partagée
En ce qui concerne les rues partagées, un peu plus de la moitié des répondants (52 %) affirment qu’ils ne se sentent pas à l’aise de s’y déplacer seuls.
Êtes-vous à l’aise de vous déplacer seul sur une rue partagée ? Résultat complet :
- Oui : 31 %
- Non : 52 %
- Je n’ai jamais rencontré ce type d’aménagement : 17 %
Déplacement sur une piste multifonctionnelle
Environ deux répondants sur trois (67 %) affirment qu’ils ne sont pas à l’aise de se déplacer seuls sur une piste multifonctionnelle, c’est-à-dire un espace conçu pour accueillir divers types d’usagers (piétons, cyclistes, joggeurs, etc.).
Êtes-vous à l’aise de vous déplacer sur une piste multifonctionnelle ? Résultat complet :
- Oui : 24 %
- Non : 67 %
- Je n’ai jamais rencontré ce type d’aménagement : 9 %
Traverse d’un carrefour giratoire
La traverse d’un carrefour giratoire constitue aussi une source de préoccupation pour les répondants, car contrairement aux intersections traditionnelles, les carrefours giratoires ne disposent pas de feux de circulation ou d’arrêts, de sorte qu’il est difficile de savoir s’il est sûr de traverser.
Témoignages :
- « Présence d’un carrefour giratoire : difficile pour la traversée pour une personne malvoyante. »
- « Aussi, sur Pierre-de-Coubertin, il y a plusieurs ronds-points et ils ont enlevé les 6 stops. Maintenant, c’est une vraie piste de course et désolé, mais nous sommes au Québec, les traverses piétonnières sont dangereuses, car les automobilistes n’arrêtent pas. »
- « Je ne comprends pas les priorités de passage au carrefour giratoire. »
Présence de mobilier urbain
L’encombrement des trottoirs par des objets comme des poubelles, des panneaux, des terrasses ou du mobilier urbain représente un obstacle important pour les répondants, qui augmente également le risque d’incident.
Témoignages :
- « Des pancartes de signalisation temporaire non conformes ou mal installées ; plusieurs panneaux de signalisation temporaire abandonnés sur un trottoir à l’intersection de deux rues. »
- « Pancartes de tout genre, certaines à la hauteur du visage. »
- « Des affiches de signalisation temporaires ou à caractère commercial obstruent le trottoir. J’en percute trop souvent malgré ma technique de la canne blanche. »
- « Bacs de récupération et de vidanges placés directement sur le trottoir. »
- « Des obstacles de bacs à vidanges ou à fleurs. »
- « Tous ces vases à fleurs compliquent la mobilité et les repères. »
- « Mobilier urbain placé sur le trottoir. »
- « Terrasses de restaurant installées sur le trottoir. »
- « Lorsqu’il y a un bar ou resto sur le trottoir, il faut rajouter un espace piéton au bout. »
- « Les terrasses estivales embarrassent ma marche. »
- « Le mobilier urbain et les affiches en tout genre obstruent l’espace de circulation sur les trottoirs. »
- « Les lieux encombrés demandent beaucoup de prudence et de vigilance. »
Autres préoccupations
D’autres aménagements soulèvent aussi certaines préoccupations pour les répondants.
Témoignages :
« L’ajout de phases à des feux de circulation existants : problèmes visuels au soleil. »
Incidents vécus dans le quotidien
Accrochage avec un vélo ou une trottinette
Malheureusement, les accrochages avec un vélo ou une trottinette sont fréquents sur les voies publiques. La majorité des répondants (61 %) déclarent en effet avoir déjà été frôlés ou accrochés par un vélo ou une trottinette lors d’un déplacement à pied.
Avez-vous déjà été frôlé ou accroché par un vélo ou une trottinette lors d’un déplacement à pied ? Résultat complet :
- Oui : 61 %
- Non : 39 %
Témoignages :
« Quotidiennement, je traverse une piste cyclable très achalandée et après m’être fait arracher ma canne blanche par un vélo, j’ai peur de la traverser. »
Accrochage avec une voiture ou un autobus
Près de la moitié des répondants (44 %) déclarent avoir déjà été frôlés ou accrochés par une voiture ou par un autobus lors d’un déplacement à pied.
Avez-vous déjà été frôlé ou accroché par une voiture ou un autobus lors d’un déplacement à pied ? Résultat complet :
- Oui : 44 %
- Non : 56 %
Tous les témoignages partagés par les répondants concernent des actes d’incivilité de la part d’automobilistes. Aucun commentaire n’a été formulé envers des conducteurs d’autobus.
Témoignages :
- « Je me suis fait engueuler par une automobiliste qui voulait tourner à droite. Elle a touché ma canne avec son auto. Et j’avais la lumière de passage piéton sur un boulevard. Elle est venue me retrouver sur un trottoir plus loin. »
- « Une voiture qui a tourné devant moi et qui m’a arraché ma canne blanche. »
- « Je marche cinq kilomètres chaque matin. Je surveille toujours les entrées. Un jour, une auto sort de sa cour sans se préoccuper de moi, j’ai foncé dans sa porte arrière, j’ai fait un geste de recul en laissant tomber ma canne, sinon il l’aurait cassée. Il ne s’est même pas arrêté, il est parti en faisant crisser ses pneus. »
- « Une autre fois, j’arrive à un quatre arrêts : je me dirige de l’est vers l’ouest. La voiture est arrêtée en face, lorsqu’elle part, je pars en même temps, car elle va me servir de bouclier, mais l’auto nord-sud démarre en malade alors que je suis à peine à moitié. Il m’a klaxonné puis il est passé si proche qu’il m’a fait échapper ma canne, j’ai eu une bonne frousse. »
Autres situations qui compliquent les déplacements à pied
Les commentaires des répondants témoignent de plusieurs autres situations problématiques, sur les trottoirs et aux intersections, qui compliquent leurs déplacements à pied et qui s’ajoutent aux défis associés à l’arrivée des nouveaux aménagements.
Situations problématiques sur les trottoirs
- Trottoirs mal déneigés : Plusieurs répondants ont souligné le problème des trottoirs mal déneigés ou mal déglacés durant la saison hivernale, qui rendent les déplacements plus difficiles, mais aussi dangereux en raison d’un risque accru de chute.
Témoignages :
- « En hiver, avec le manque de déneigement, les trottoirs sont souvent impraticables, ce qui nécessite de marcher dans la rue. »
- « Les déneigements des trottoirs sont généralement bien exécutés. MAIS, aux coins des rues, c’est presque toujours un amoncellement avec lequel je ne peux pas négocier… c’est trop dangereux. Il faut donc attendre plusieurs jours avant de pouvoir sortir en toute sécurité. »
- Présence d’autres modes de transport sur les trottoirs : La présence d’autres modes de transport sur les trottoirs, comme les vélos et les trottinettes, complique aussi les déplacements, en augmentant le risque de collisions.
Témoignages :
- « En fait, des trottinettes, des vélos qui sont sur les trottoirs qui nous crient de se tasser. Puis je savais très bien qu’il y avait une piste cyclable à côté. »
- « Vélo, trottinette et chaise roulante électrique qui me coupent ou ne se préoccupent pas du malvoyant. »
- « Les cyclistes qui roulent sur le trottoir sans égard aux piétons. »
- « Cyclistes, trottinettes, planches à roulettes, etc., se déplaçant directement sur le trottoir. Trottoir très étroit à certains endroits. »
- Chantiers de construction parfois mal signalés : Plusieurs répondants ont dénoncé l’organisation de certains chantiers de construction, qui sont parfois mal signalés, ce qui peut les exposer à des dangers imprévus comme des trous dans la chaussée, des barrières ou d’autres équipements, et provoquer des accidents.
Témoignages :
- « Sans parler de la construction ou des trous qui n’ont pas de barrières devant. »
- « Fermeture ou obstacle de construction. »
- « Des travaux non balisés. »
- État de délabrement de certains trottoirs : L’état de délabrement de certains trottoirs pose de sérieux problèmes pour les répondants, car les fissures, les trous ou les surfaces irrégulières ne sont pas toujours détectables, ce qui augmente le risque de chute et de blessure.
Témoignages :
- « Trottoir magané avec des trous et des dénivellations. »
- « Un trottoir était endommagé entre autres sur le boulevard Louis-XIV, en voulant m’aider à éviter une fissure, la personne qui m’accompagnait s’est blessé un pied. Il a fallu longtemps avant que le trottoir soit réparé. »
- « Les trottoirs où j’habite ont beaucoup de fissures et de légères dénivellations qui sont parfois difficiles à détecter même avec une canne. »
- Végétation non contrôlée : Des répondants dénoncent également la végétation mal contrôlée aux abords des trottoirs, puisque les branches d’arbres ou les buissons qui débordent sur les trottoirs peuvent entraîner des blessures.
Témoignages :
- « Voici quelque chose d’affreux. Les trottoirs sont très souvent obstrués par des végétations négligées, non contrôlées. Un cauchemar. J’ai toujours peur qu’une branche m’arrive dans les yeux. »
- « Branche d’arbre cassée et je suis tombée, car pas vue avec ma canne blanche. »
Autres situations
Témoignages :
- « Obligé de faire un détour par la rue parce qu’un camion était sur le trottoir sans aucun chauffeur dedans. »
- « Ce que je trouve dangereux, ce sont les camions avec une attache qui dépasse de l’entrée. »
Situations problématiques aux intersections
- Larges intersections : Les larges intersections posent des défis particuliers pour les répondants, qui ont parfois de la difficulté à les traverser de manière sécuritaire, notamment quand le temps de traverse est trop court. Par ailleurs, le bruit généré par le trafic peut compliquer la perception des signaux sonores, et créer de la confusion pour les personnes ayant une limitation visuelle qui ne savent pas quand il est sûr de traverser.
Témoignages :
- « L’analyse des intersections et du trafic, en fonction de la complexité de l’intersection, peut parfois être difficile. De l’aide n’est pas toujours disponible pour traverser en sécurité. »
- « Difficulté à traverser le boulevard Saint-Martin, large intersection très achalandée, le signal sonore est trop loin pour l’entendre et des véhicules arrivent de partout. Parfois, j’attends d’autres personnes et je traverse avec elles. »
- « Quand c’est très bruyant par la circulation dense et que tu ne le sais pas qu’il y a une voiture dans la zone piétonnière, c’est assez stressant… »
- « Temps de traversée trop court à certaines intersections, avec ou sans feu sonore. »
- Virage à droite : Les virages à droite constituent une autre source de préoccupation pour les répondants, car les automobilistes ne respectent pas toujours la priorité des piétons.
Témoignages :
- « Malheureusement, même sur les coins de rue où il y a des traverses piétonnières, plusieurs automobilistes tournent quand même à droite même si le piéton blanc est allumé. »
- « Virage permis à droite — dangereux. »
- « Le virage à droite : les automobilistes ne regardent que la lumière et les autos qui viennent et oublient qu’il y a un piéton à leur droite. »
- « Certains automobilistes ne respectent pas l’interdiction de virage à droite sur les passages piétons. »
- « J’ai déjà eu peur d’une voiture qui tournait à droite sur un coin de rue qui a empiété sur le coin de rue même si j’y étais. »
- Actes d’incivilités des autres usagers de la route : Une grande partie des commentaires exprimés par les répondants concernent des actes d’incivilités de la part des autres usagers de la route, qui aggravent considérablement les défis rencontrés par les personnes ayant une limitation visuelle lors de leurs déplacements. Le non-respect des passages piétons constitue l’acte d’incivilité le plus fréquemment rapporté par les répondants.
Témoignages :
- « Je n’ai jamais été frôlée par une voiture ou un vélo, mais certains automobilistes et certains cyclistes ne se sentent pas concernés par les panneaux arrêt. Il m’est arrivé à deux reprises d’indiquer à un cycliste : Vous avez un arrêt à effectuer ! »
- « Les vélos ne font pas leur stop et/ou ils roulent sur la rue et non sur la piste cyclable. Après avoir entamé une traversée à un coin de rue de 4 arrêts-stops, des vélos nous coupent. »
- « Souvent les voitures s’empressent de tourner devant moi. »
- « Ligne de traverse pour piétons bloquée par une voiture. »
- « Sur le feu vert, il y a souvent un ou une automobiliste qui continue son chemin sans égard aux priorités. »
- « Régulièrement, les véhicules ne s’arrêtent pas aux passages pour piétons malgré la priorité. »
- « Je me fais souvent couper par des voitures à des intersections, car je m’attends à avoir la priorité comme piéton, je commence ma traversée et finalement, je me fais couper par une voiture qui ne fait pas son arrêt et passe devant moi, ou qui tourne malgré qu’un piéton soit engagé. »
- « Voiture qui ne respecte pas la traverse piétonnière. Voiture qui se place directement sur la traverse piétonnière au feu de circulation. Véhicule qui fait des virages serrés au coin de la rue passant très près de piétons qui attendent pour traverser. »
- « Une voiture s’est arrêtée à un arrêt sur la traverse piétonne alors que c’était à mon tour de traverser ; je me suis couché sur le capot, j’ai eu peur à mes jambes. »
- « Enjeux de manque de respect des automobilistes aux passages piétons si pas de stops pour eux, etc. »
L’impact des nouveaux aménagements dans le quotidien
Enjeux ou obstacles générés par les nouveaux aménagements
Pour la majorité des répondants (57 %), les nouveaux aménagements génèrent de nouveaux enjeux ou obstacles.
Certains de ces nouveaux aménagements génèrent-ils de nouveaux enjeux ou obstacles pour vous ? Résultat complet :
- Oui : 57 %
- Non : 36 %
- Sans réponse : 7 %
Impacts négatifs des nouveaux types d’aménagement dans le quotidien
- Sentiment d’insécurité : Les nouveaux aménagements urbains qui ne sont pas adaptés aux besoins et aux réalités des personnes ayant une limitation visuelle augmentent les risques d’incidents, de collisions et de blessures, ce qui engendre un sentiment d’insécurité lors des déplacements à pied.
Témoignages :
- « Complexifier les déplacements des personnes vivant avec des limitations visuelles et rendre les déplacements de moins en moins sécuritaires. »
- « Certains endroits sont carrément à éviter, car trop dangereux. »
- « Récemment, j’ai dévié d’un trottoir et me suis retrouvé sur une plate-forme non balisée. J’ai eu du mal à retrouver mon chemin, car c’était un obstacle inattendu. »
- « Oui, la sécurité. Il faut être attention a) au dénivelé, b) aux coureurs c) aux vélos et d) aux autos. Même chose de l’autre côté de la rue…. C’est pénible et stressant. Trop de circulation de trop de modes de transport en même temps. »
- « Plus on a d’interactions avec les automobilistes et avec les cyclistes, plus il y a de risques d’accidents et donc de blessures. Augmentation du sentiment d’insécurité lors des déplacements. Perte de points de repère. » « Demande beaucoup plus de concentration. »
- « La sécurité des piétons est menacée. »
- « De créer un stress immense et un danger évitable. »
- « Nous vivons beaucoup d’insécurité. »
- « Déjà si tous les coins de rue étaient faits sur le même modèle, comme avant, cela nous aiderait beaucoup. Parfois, c’est un trottoir normal, parfois, il y a des points tactiles pour le coin de rue, parfois des points tactiles juste avant une piste cyclable et d’autres points tactiles pour dire qu’on est arrivé sur le trottoir. De plus, l’hiver, on ne sent pas ces points tactiles, car il y a de la neige entre les points ou de la glace. À part de connaître par cœur chaque intersection, c’est très difficile de savoir. Oui, on peut y arriver dans notre quartier, dans les rues alentour de chez nous. Mais dès qu’on sort de notre quartier, là cela devient vraiment anxiogène. »
- « Si c’était partout pareil, on finirait par s’habituer, mais là, selon le quartier, les rues, ça change tout le temps. »
- Obligation de faire des détours : Lorsque les aménagements ne sont pas conçus en tenant compte des besoins des personnes ayant une limitation visuelle, celles-ci sont parfois obligées de faire des détours pour éviter des obstacles ou des zones non accessibles.
Témoignages :
- « Parfois, certains aménagements me font faire des détours afin de les éviter. »
- « Celles nouvellement aménagées génèrent des conflits importants avec les vélos, de l’anxiété et l’obligation de faire des détours pour circuler en plus grande sécurité ou avoir accès aux autobus. »
- « Prendre un autre chemin pour pouvoir se rendre d’un point a à un point b, vu l’absence de feu sonore piéton. »
- « Je dois prendre de nouveaux parcours pour me rendre à des endroits, ce qui allonge la distance parcourue. »
- Perte d’autonomie : Les nouveaux aménagements peuvent réduire l’autonomie des personnes ayant une limitation visuelle. La difficulté à naviguer dans des environnements inadaptés à leurs besoins fait en sorte que les répondants ont besoin de plus d’assistance pour se déplacer, ce qui limite leur indépendance et leur capacité à se déplacer de manière autonome et sécuritaire dans leur quartier. De plus, la difficulté à se déplacer de manière autonome dans des environnements mal aménagés peut entraîner de l’isolement social.
Témoignages :
- « Auparavant, un coin de rue était un coin de rue. Maintenant, on ne sent pas toujours les coins de rues, parfois c’est un coin de rue avec une piste cyclable au même niveau que le trottoir, parfois au même niveau que la rue. Si je marche sur Pierre-de-Coubertin, du côté nord, mais que je veux traverser vers le sud, il y a des ronds-points, des pistes cyclables, plus de stop, donc je ne sais plus où traverser sans devoir demander de l’aide. C’est très insécurisant et dangereux. »
- « D’être tout le temps en constante adaptation et de recommencer à tous les coups où de nouveaux aménagements sont mis de l’avant. »
- « Perte de nos repères habituels, donc d’une partie de notre autonomie, devoir faire la file d’attente avant d’avoir un rendez-vous en orientation et mobilité. »
- « Les impacts sont que je suis obligé de marcher avec une personne qui est voyante parce qu’il y a trop de circulation de différents véhicules. »
- « On n’a pas le choix de s’habituer ou de demander de l’aide. »
- « Demande accompagnateur pour décrire le nouvel environnement. »
- « Les signalisations avec les petits bonhommes et les décomptes ne me sont pas utiles. Je dois me fier aux autres piétons pour traverser les rues… encore faut-il qu’il y ait une personne à ce moment-là. »
- « Oui, à multiples reprises : quand il n’y a pas de feux sonores, je dois souvent attendre très longtemps pour qu’un passant m’aide à traverser ; même quand il y a un feu sonore, le feu étant mal situé ou difficilement accessible, la traverse étant déphasée, les coins de trottoir n’étant pas droits, donc difficilement accessibles pour que je m’oriente comme il faut. »
Impacts positifs des nouveaux types d’aménagement dans le quotidien
Si les nouveaux types d’aménagements favorisent la mobilité durable, les répondants dénoncent le fait que les besoins et les réalités des personnes ayant une limitation visuelle n’ont pas été suffisamment pris en compte.
Témoignages :
- « Permettre davantage de moyens de transport. Les aménagements ne sont toutefois pas bénéfiques pour la clientèle DV en général. »
- « Trop peu d’avantages, on nous a carrément oubliés dans ses nouveaux aménagements. »
Malgré les impacts négatifs qui sont importants, quelques répondants soulignent les impacts positifs de certains aménagements particuliers, notamment l’installation de signaux sonores et la piétonnisation de certaines rues. En effet, ces aménagements leur permettent de sortir plus souvent et de se sentir plus en sécurité.
Témoignages :
- « Dans mon cas, il n’y a que les signaux sonores qui indiquent quand je peux passer qui sont des aménagements qui peuvent m’aider. J’apprécie beaucoup les lumières sur les poteaux qui sont sur les interrupteurs qui s’éteignent au moment où l’on peut passer. »
- « Pour ce qui est de la traverse avec feu sonore nouvellement installé, cela m’accommode grandement, car je n’ai plus besoin de faire un détour de bus de trois quarts d’heure pour aller rejoindre le terminus de mon patelin. »
- « Je sors de la maison plus souvent qu’avant. »
- « Cela peut éviter des accidents pour des intersections achalandées. »
- « Les impacts positifs : ça me permet de marcher en toute sécurité. »
- « Pour les rues piétonnes, le fait que les voitures ne puissent pas y circuler est un grand avantage et cela améliore l’atmosphère. »
Suggestions des répondants pour accroître la sécurité sur la voie publique
Sensibiliser la population en général
La sensibilisation du grand public est essentielle pour améliorer la sécurité des personnes ayant une limitation visuelle sur la voie publique, notamment en mettant en lumière les défis rencontrés par ces dernières.
Témoignages :
- « Sensibiliser la population par des moyens de communication comme la publicité, l’apprentissage à l’école, etc. »
- « Éducation des gens pour les informer de la signification de la canne blanche. »
- « Campagne de sensibilisation auprès de la population du pourquoi de ces mesures. «
- « Campagne d’éducation. »
- « Je ne sais pas si c’est le cas, mais les cours et examens de conduite devraient comprendre un volet à ce sujet. »
- « Ajouter au Code de la route, si pas déjà fait, et mentionner aux écoles de conduite. »
- « Des campagnes de sensibilisation envers les usagers de la route pour les sensibiliser encore à nos enjeux. »
- « Campagne de sensibilisation sur le respect des piétons. »
- « Faire de la sensibilisation à la population en général afin qu’elle comprenne l’enjeu de la sécurité sur les rues partagées pour les personnes handicapées visuelles. »
Sensibiliser les municipalités
Certains répondants dénoncent le manque d’ouverture de leur municipalité par rapport à l’accessibilité des aménagements urbains. Il est donc nécessaire de sensibiliser davantage les élus et le personnel municipal aux enjeux vécus par les personnes ayant une limitation visuelle.
Témoignages :
- « Que la ville ne soit plus autant réticente à mettre en place des nouveaux aménagements pour les personnes avec des limitations fonctionnelles, qu’il n’y ait plus à devoir attendre des délais de deux à trois ans quand on fait la demande d’une adaptation spécifique et qu’on n’ait plus à se battre contre un système qui fait mention d’une susceptibilité quant à la nécessité de nouvelles installations pour les personnes avec une limitation fonctionnelle. »
- « Les villes doivent investir des montants importants pour installer un bien plus grand nombre de feux sonores, cela accroîtrait grandement notre sécurité durant nos déplacements. En banlieue de nos grandes villes, les besoins en la matière sont criants et bien connus. »
- « Pas très ouvertes à installer de nouveaux signaux sonores. »
Consulter les personnes ayant une limitation visuelle
Pour s’assurer que les nouveaux aménagements de l’espace public sont adaptés aux réalités des personnes ayant une limitation visuelle, il est essentiel que celles-ci soient consultées dès le début des projets. Une collaboration plus étroite avec les organismes représentant cette population pourrait aider à concevoir des espaces publics plus accessibles et inclusifs.
Nous inclure d’emblée lors de la réalisation du projet d’aménagement au lieu de nous consulter à la fin de la réalisation du projet d’aménagement.
Des consultations plus soutenues auprès des personnes vivant avec une limitation fonctionnelle lors des nouveaux aménagements.
Témoignages :
- « Que les responsables de l’urbanisme et de la circulation des villes et villages consultent les organismes œuvrant auprès des personnes handicapées avant tout aménagement. »
- « Nous consulter avant d’effectuer des changements majeurs. »
- « Les autorités municipales oublient souvent de contacter les groupes de personnes avec des handicaps lors de la planification, même si elles sont au courant de l’existence de ces groupes. »
Favoriser une surveillance policière accrue
Étant donné l’ampleur et la gravité des actes d’incivilités rapportés, il est essentiel de s’assurer que le Code de la route soit mieux respecté par tous les usagers de la route. Une surveillance policière accrue et des sanctions plus sévères pourraient aider à prévenir les actes d’incivilités et à assurer la sécurité des piétons.
Témoignages :
- « Il devrait nettement y avoir plus de surveillance policière. Des billets de contravention assez salés devraient être donnés à chacun et chacune qui ne respecte pas les consignes de circulation en public. »
- « Faire respecter les interdictions de vélo de rouler sur les trottoirs. »
- « Amendes et points d’inaptitudes plus élevés. »
- « Des amendes plus salées lorsque des automobilistes ne respectent pas la signalisation en place surtout aux stops. Pénaliser très sévèrement avec amende de plus 6000,00 $ et 15 points de pénalité au permis. »
Prévoir des aménagements inclusifs
Enfin, les répondants ont émis plusieurs suggestions pour rendre les aménagements urbains mieux adaptés à leurs besoins et à leurs réalités, notamment en s’assurant que les différentes sections de la voie publique soient bien délimitées selon leur usage (pistes cyclables, trottoirs piétonniers, etc.) et en s’assurant qu’il y ait suffisamment de signaux sonores.
Témoignages :
- « Rendre les différentes zones facilement détectables. Ajouter des feux sonores à une majorité d’intersections. Éviter de placer des pistes cyclables entre les arrêts d’autobus et les trottoirs. »
- « Mieux baliser les obstacles et les accès spécifiques aux piétons. L’idée est de bien distinguer les zones de passage par type de véhicule. D’un autre côté, il faut permettre le passage d’un lieu de circulation vers les lieux, publics ou autres, où l’on souhaite se rendre. »
- « Un principe général doit guider tous les aménagements sur les trottoirs. Une voie de circulation droite sur le bord de la rue doit être libre en tout temps de tout obstacle. »
- « Dans le cas des pistes multifonctionnelles, avoir des sections bien définies pour les différents usages. »
- « Avoir des feux sonores piétons à toutes les intersections où il y a un feu de circulation. Que les rues partagées aient une délimitation pour que les personnes aveugles ou amblyopes puissent être en mesure de circuler en toute sécurité et permettant de limiter la zone où ils peuvent circuler avec des indications claires, nettes et précises. »
- « Délimiter le trottoir de la piste cyclable. Disposer des endroits pour traverser sécuritairement la piste cyclable pour aller prendre l’autobus. »
- « Des espaces clairement délimités pour séparer les différents usages de la route. »
- « Que les piétons et les cyclistes aient chacun leur propre espace de circulation. »
- « Installer autant de signaux sonores que de feux piétonniers ; c’est notre sécurité qui est en enjeu ! »
Autres suggestions
Témoignages :
- « Augmenter le nombre de « dos d’âne » dans les rues résidentielles et semi-résidentielles. »
- « Réduire l’espace pour les automobiles et augmenter l’espace pour les piétons et cyclistes. »
- « Élargir certains trottoirs. »
- « Déterminer des endroits où placer les pancartes et bacs en tout genre afin d’éviter de nuire à la circulation piétonnière. »
- « Pas de vélos sur les trottoirs. »
- « Aucun vélo ou autre sur le trottoir sinon avertissement. »
- « Avoir accès à de l’information à savoir si des travaux sont prévus dans le secteur où on habite, meilleur entretien de la voie publique en hiver, éviter de trop encombrer les trottoirs de mobilier urbain. »
Conclusion
Bien que l’arrivée de nouveaux aménagements dans l’espace public, comme la multiplication des pistes cyclables, favorise la mobilité durable, force est de constater que les besoins et les réalités des personnes ayant une limitation visuelle n’ont pas toujours été bien intégrés à ces projets.
Les personnes ayant une limitation visuelle sont en effet confrontées à un risque accru d’incidents lors de leurs déplacements à pied, notamment lorsqu’elles doivent traverser une piste cyclable pour atteindre un arrêt d’autobus ou naviguer sur des pistes multifonctionnelles au milieu de cyclistes.
Par conséquent, le manque d’accessibilité des nouveaux aménagements a des impacts importants sur la mobilité des personnes ayant une limitation visuelle, puisqu’ils créent de nouveaux obstacles qui entraînent un sentiment d’insécurité lors des déplacements à pied et une perte d’autonomie dans la réalisation des activités de la vie quotidienne.
Il est donc essentiel de repenser l’aménagement des espaces publics en tenant compte des besoins et des réalités de l’ensemble de la population, de manière à ce que ces espaces soient réellement accessibles et inclusifs pour tous.