Document d’accompagnement, les relations publiques et gouvernementales en défense collective des droits

Qu’est-ce que la défense collective des droits

Selon le gouvernement du Québec, « La défense collective des droits constitue une approche d’intervention qui vise la pleine reconnaissance et la pleine application des droits humains. Elle comprend la promotion de droits à faire reconnaître, ainsi que les actions qui favorisent le plein exercice des droits existants. Ces droits recouvrent aussi bien les droits humains de l’ensemble de la population que ceux des segments de la population vivant des situations particulières, notamment des situations d’inégalité, de discrimination, de vulnérabilité, de détresse ou d’exclusion ». (Québec : 2023)

Le secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS), principal bailleur de fonds public en défense collective des droits, se détaille en quatre grands volets :

  • Des activités d’éducation populaire autonome axées sur les droits et la vie démocratique,
  • Des activités de mobilisation sociale,
  • Des activités de représentation,
  • Des activités d’action politique non partisane.

Les relations publiques, c’est quoi?

Selon l’Office québécois de la langue française, les relations publiques sont un « Ensemble des techniques d’information et de communication utilisées ainsi que des actions menées par une entreprise ou un organisme dans le but de se faire connaître de manière positive et de créer dans le public, comme à l’interne, un climat favorable à sa croissance et à son développement. » (OQLF : 2006)

Les relations gouvernementales, c’est quoi?

Les relations gouvernementales sont une branche des relations publiques qui se concentrent sur l’établissement de liens solides avec une ou plusieurs branches du gouvernement.

Pourquoi un organisme communautaire ferait-il des relations publiques et gouvernementales ?

Développer des relations publiques et gouvernementales efficaces vous permet :

  • De réaliser des activités politiques non partisanes de qualité.
  • D’augmenter l’efficacité de vos représentations.
  • De donner l’opportunité aux personnes élues de comprendre votre réalité et de vous aider à obtenir des gains.

Les relations publiques et les relations gouvernementales ne sont pas un objectif en soi. Ce sont des outils pour atteindre un objectif.

Par où commencer ? La problématique

La problématique est la base de votre démarche en défense collective des droits. Elle devient le centre de vos actions. La résolution de cette problématique deviendra votre objectif principal. Avant de se lancer tête baissée, il faut travailler la problématique en réalisant les étapes suivantes :

  1. Définir la problématique : en quoi consiste-t-elle?
  2. Confirmer la problématique : est-ce que le problème est réel? Est-ce qu’il intéresse vos membres ? Est-ce qu’il intéresse vos partenaires?
  3. Documenter la problématique : quels sont les tenants et les aboutissants du problème? Qui est impliqué?
  4. Préparer un plaidoyer

Le plaidoyer

Le plaidoyer est un élément central de vos démarches en défense collective des droits. C’est un court document qui vous sera utile à plusieurs niveaux. Il doit inclure :

  1. Une présentation claire de la situation.
  2. Une présentation des impacts de la situation sur les personnes que vous représentez.
  3. Vos demandes, vos solutions.
  4. Vos implications potentielles.

N’oubliez pas que vous devez rendre votre histoire attrayante et facile à comprendre. Vous devez être un expert de votre problématique, mais vous devez surtout vous assurer que les autres personnes comprennent l’importance de la situation.

Les relations gouvernementales – la base

Vous bâtissez des relations gouvernementales comme n’importe quelle autre relation professionnelle.

Obtenir l’oreille d’une personne élue n’est pas nécessairement difficile. C’est leur travail de vous écouter. Obtenir la collaboration pleine et entière de l’équipe d’une personne élue est cependant beaucoup plus difficile.

Se bâtir une bonne crédibilité vous mènera loin. Être agréable vous mènera encore plus loin.

Montrez aux gens que c’est payant de vous rencontrer et de vous écouter!

Les relations gouvernementales – le carnet d’adresses

Le carnet d’adresses est un outil à ne pas sous-estimer.

Démarrez un tableau Excel et pour chaque contact, vous devriez inclure :

  • Le nom de la personne.
  • Le titre de la personne.
  • L’équipe de la personne (la personne élue qui l’emploie).
  • Le courriel de la personne.
  • Le numéro de téléphone professionnel de la personne.
  • Le numéro de cellulaire de la personne.
  • Votre état de relation avec la personne.
  • L’historique des démarches, idéalement daté.

Les relations gouvernementales – le courriel

Une communication simple pour une réponse rapide

En 2025, le courriel est la façon la plus facile et directe pour contacter une personne élue. Si vous n’avez rien d’autre, contactez le courriel général de l’élu, mais travaillez à trouver un contact direct, celui d’une personne attachée par exemple.

Évitez les courriels longs et cérémoniels. Le courriel est une communication entre le formel et l’informel. Gardez votre courriel direct, court et poli. Restez professionnel sans être ampoulé. Évitez les émoticônes, mais évitez aussi les formules « veuillez agréer de mes sentiments les meilleurs ».

Le courriel est l’outil parfait pour piquer la curiosité d’une personne et obtenir une rencontre! Généralement, les employés ont l’autorisation de répondre à des courriels, mais répondre à une lettre officielle demande généralement une validation de la personne élue.

Les relations gouvernementales – la lettre officielle

La lettre officielle doit être utilisée avec parcimonie et pour des objectifs précis. C’est un outil utile dans certains cas parce qu’elle laisse des traces. Cependant, obtenir une réponse peut prendre plusieurs mois, puisqu’elle passe entre plusieurs mains.

La lettre officielle doit être adressée à la personne élue responsable du dossier. Pour augmenter vos chances d’avoir une réponse intéressante, assurez-vous de respecter les règles suivantes :

  • Un sujet par lettre.
  • Soyez direct et précis.
  • Identifiez clairement votre demande.
  • Interpellez souvent la personne élue.

Trop d’information augmente les chances d’avoir une réponse vide.

Les relations gouvernementales – les rencontres

Rencontrer une personne élue, ce n’est pas un objectif, c’est un OUTIL

Posez-vous toujours la question : pourquoi une rencontre?

Le RAAQ a déjà mis en place un document pour vous accompagner dans l’obtention d’une rencontre!

  • Comment les obtenir : soyez direct et clair dans vos besoins.
  • Comment les préparer : une étape importe trop souvent oubliée. Envoyer un document n’est pas anodin.
  • Comment les tenir : Politesse et fiabilité sont les secrets d’une rencontre réussis. N’oubliez pas qu’une rencontre est transactionnelle. Pensez à ce que vous pouvez apporter à la personne élue.
  • Comment faire un suivi efficace : une autre étape trop souvent oubliée.

Les relations gouvernementales – les dynamiques

Pour aider vos relations gouvernementales et vos relations publiques, il faut comprendre les dynamiques dans lesquelles vous intervenez.

Faire une revue médiatique devrait faire partie de vos tâches matinales. Ce qui se passe dans l’actualité affecte vos relations. Un élu vient de se mettre les pieds dans la bouche? Ce n’est pas le meilleur moment de lui demander une rencontre. Le gouvernement vient d’annoncer de gigantesques coupures? Ce n’est pas le moment de discuter du manque de financement de votre projet.

Pour être efficace, il faut aussi être réaliste et connaître vos dynamiques :

  • Quelle est votre capacité d’affecter le jeu politique?
  • Combien de personnes représentez-vous?
  • Quelle est votre capacité d’attirer l’attention du public?

Les relations gouvernementales – la négociation

Les relations gouvernementales réussies doivent comprendre un aspect transactionnel informel.

Une approche gagnant-gagnant est toujours… gagnante

Vous arrivez avec des besoins et des demandes. Qu’est-ce que VOUS pouvez faire en échange? Gardez en tête que d’avoir de bonnes relations va vous amener plus loin.

Par exemple, faire une sortie publique explosive alors que les échanges vont bien avec vos interlocuteurs peut mettre de l’huile sur le feu et gâcher des mois de travail…il y a des façons de faire !

N’oubliez pas votre poids dans les négociations. Demandez-vous quel est votre vrai pouvoir.

Les relations publiques – les firmes

Vous souhaitez vous lancer dans une campagne de relation publique! Vous avez entendu parler d’une firme spécialisée dans les organismes communautaires qui offre des tarifs avantageux!

Est-ce une bonne idée?

Soyez prudent et méfiez-vous des promesses magiques. Nous entendons de plus en plus parler de firmes de relations publiques qui présentent des plans d’action générique à des organismes débordés avec peu de chance de succès. Assurez-vous que la firme est en mesure de vraiment vous aider avec votre projet et qu’elle vous propose une stratégie adaptée. La firme doit aussi respecter vos moyens et vos réalités et pas au détriment de la qualité.

N’oubliez jamais que peu importe les décisions que vous prendrez, les relations publiques ou gouvernementales ne sont jamais assurées de réussir. Il faut toujours voir les RP-RG dans la durée.

Les relations publiques – le carnet d’adresses

Comment se bâtir un carnet d’adresses journalistique

Démarrez un tableau Excel. Pour chaque contact, vous devriez inclure :

  • Le nom de la personne.
  • Le titre de la personne.
  • Le nom et le type du média. Par exemple La Presse, journal
  • Le courriel de la personne.
  • Le numéro de téléphone professionnel de la personne.
  • Le numéro de cellulaire de la personne.
  • Les dossiers de la personne.
  • Votre état de relation avec la personne.

Les relations publiques – la relation avec les journalistes

Comme beaucoup de relations professionnelles, la relation avec les journalistes est transactionnelle. Ils gagnent un dossier intéressant, vous gagnez une visibilité.

Pour augmenter vos chances de succès, préparez vos dossiers avec soin. Mettez en évidence ce que vous pouvez offrir!

Les journalistes sont de plus en plus intéressés à l’aspect « people » des histoires. Avant de contacter les médias, assurez-vous d’avoir des gens prêts à témoigner de la situation que vous souhaitez couvrir. Pensez Storytelling.

Les relations publiques – les outils

Il existe trois grandes familles d’outils recommandés pour obtenir rapidement une couverture médiatique

  1. La lettre ouverte : L’outil le plus facile à utiliser, la lettre ouverte est « rédigée » par une personne vivant la situation ou représentant l’organisation. Elle permet de toucher la population à travers les émotions. Ça peut être pour dénoncer une situation ou expliquer une réflexion plus complexe.
  2. Les médias sociaux : De plus en plus incontournable, c’est une bonne façon de faire rapidement voyager un dossier. Gardez cependant en tête que c’est un moyen qui demande du temps et de l’énergie pour avoir un impact, surtout que Meta ne permet pas de payer pour publiciser du contenu politique.
  3. Le communiqué de presse : Le communiqué de presse est beaucoup plus formel et est généralement utilisé pour annoncer quelque chose : une action, un service, etc. Moins énergivore à publier que la lettre ouverte, on utilise généralement un service payant pour la diffuser.
  4. La conférence de presse : Depuis la fin de la pandémie, la conférence de presse n’est plus vraiment utilisée. Pour la grosseur de nos organismes, elle est déconseillée parce que les journalistes ne se déplacent plus vraiment pour ce genre d’événement. Pour que ça vaille la peine, il faut avoir des intervenants déjà connus qui vont venir faire des déclarations intenses.

N’oubliez jamais que peu importe les décisions que vous prendrez, les relations publiques ne sont jamais assurées de réussir.

Les aléas des relations publiques

Sachez qu’il est extrêmement difficile d’avoir une bonne couverture médiatique. Intéresser les grands médias demande de la rigueur, du travail et énormément de chance.

Nous avons eu beaucoup d’actions très bien montées qui sont tombées à l’eau parce qu’une équipe de football a gagné un trophée ou qu’une tornade a frappé une ville proche du Québec. Ce sont les aléas des relations publiques.

La protestation citoyenne

La protestation citoyenne peut prendre plusieurs formes au sein des organismes communautaires. Pensons à :

  1. Une pétition
  2. Une campagne de lettre
  3. Une manifestation
  4. Une occupation

La protestation citoyenne – avantages et inconvénients

Mener une campagne de protestation citoyenne doit être soigneusement réfléchie. En effet, les risques sont grands. Si vous étiez en train de bâtir un pont avec un élu pour un dossier, mener une campagne de lettre risque de brûler ce pont.

Ajoutons que les échecs dans l’organisation d’une protestation citoyenne peuvent grandement nuire à une relation gouvernementale. Si vous organisez une manifestation devant les bureaux d’une élue, que vous mobilisez trois personnes et qu’aucun média n’est présent, vous indiquez à l’élue qu’il n’y a pas grand-chose à gagner à travailler le dossier.

Mais si vous n’arrivez pas à développer des relations avec un élu, si vous sentez que le dossier n’avance pas ou si vos approches traditionnelles des médias tombent à plat, une action d’éclat réussie peut vraiment débloquer un dossier.

Une bonne campagne de lettre au bon moment peut forcer une attention médiatique et forcer les élus à s’intéresser à un dossier.

Bibliographie