Pourquoi une consultation?
Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) constate que la situation du braille abrégé orthographique étendu (AOÉ 1955), plus connu sous le nom de braille abrégé 55, est instable depuis trop longtemps.
Tel que décidé par la communauté francophone internationale, le groupe d’experts québécois a développé un nouveau code braille abrégé simplifié. Cependant, cette refonte n’a jamais été acceptée par la communauté internationale et elle est actuellement tablettée dans l’attente d’avancement dans ce dossier qui piétine.
Pendant ce temps, le braille abrégé 55 a été abandonné par plusieurs pays francophones. Au Québec, il n’est presque plus enseigné dans les écoles. Plusieurs personnes ayant perdu la vue à l’âge adulte apprennent le braille intégral, mais pas l’abrégé. Pourtant, plusieurs documents sont encore imprimés uniquement en braille abrégé.
Le statu quo n’était pas une option acceptable pour notre organisation. C’est pourquoi nous avons milité pour que le comité québécois de concertation sur le braille (CQCB) réactive le groupe d’experts et lui donne le mandat de faire des recommandations sur l’avenir du braille abrégé au Québec. Devant l’hésitation de l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) qui assure la coordination du CQCB, le RAAQ a accepté de prendre la charge de l’animation des rencontres du groupe d’experts. Afin d’assurer la neutralité de ce groupe, un animateur externe a été embauché.
Le groupe d’expert, maintenant appelé Comité d’expert sur le braille abrégé (CEBA) a terminé son travail et a produit des recommandations. Le conseil d’administration du RAAQ souhaite maintenant consulter le milieu des personnes handicapées visuelles pour prendre une position éclairée par rapport aux recommandations du comité d’experts.
Rencontre de présentation, recommandations du comité d’expert sur le braille abrégé
Voici un enregistrement de la rencontre ayant eu lieu le 11 juin 2024.
Recommandation du Comité d’expert sur le braille abrégé sur l’utilisation et enseignement du braille abrégé au Québec.
Déposée au Comité québécois de concertation sur le braille
Le 15 février 2024
Par les membres du Comité d’expert sur le braille abrégé :
– Josué Coude, spécialiste en réadaptation en déficience visuelle (SRDV), Institut de réadaptation en déficience physique de Québec.
– Isabelle Grant, Professionnelle braille, Centre de services scolaires Premières-Seigneuries.
– Janie Lachapelle, Spécialiste en activités cliniques, Institut Nazareth et Louis-Braille.
– Annick Laplante, cheffe de groupe au secteur visuel et enseignante en soutien à l’intégration, Centre de services scolaires de Montréal.
– Lynne Robichaud, représentante du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec.
Mise en contexte
En 2001, la francophonie mondiale se réunissait à Casablanca afin de déterminer quel serait l’avenir du braille abrégé français. Bien qu’une entente soit convenue à l’époque, les retombées attendues ne se sont jamais matérialisées. Au Québec, un groupe d’experts avait pourtant, comme convenu, proposé un nouveau code braille abrégé simplifié. Les travaux qui auraient permis de l’établir comme nouvelle référence à travers la francophonie n’ont jamais pu se poursuivre et le statu quo quant à l’utilisation du braille abrégé orthographique étendu (AOÉ 1955) s’est maintenu au Québec.
Cependant, au cours de la dernière décennie, une forte baisse de l’intérêt des nouveaux lecteurs de braille pour l’apprentissage du braille abrégé a remis de l’avant la question de la nécessité d’une réforme. En pratique, en 2023, l’enseignement de l’AOÉ 1955 ne concerne plus que quelques rares individus, alors que la production d’ouvrage dans ce code par les organismes publics reste la norme.
Devant ce statu quo et une pratique à l’arrêt en ce qui a trait à l’apprentissage de l’AOÉ 1955, le Comité québécois de concertation sur le braille (CQCB) sollicite l’avis de l’un de ses comités, soit le Comité d’expert sur le braille abrégé (CEBA).
Mandat
Le mandat octroyé au CEBA exige que ce dernier se prononce sur le futur de l’apprentissage et de l’utilisation du braille abrégé au Québec. Plus précisément, les questions suivantes sont soulevées :
- Faut-il poursuivre la production de matériel en code braille AOÉ 1955 ?
- Doit-on officiellement cesser d’enseigner l’AOÉ 1955 ?
- Doit-on enseigner un nouveau code braille abrégé, par exemple, en suivant la proposition québécoise déjà formulée au cours des travaux relatifs à l’Accord de Marrakech ?
Méthodologie
Les membres du CEBA se rencontreront sans restriction de durée jusqu’à ce qu’une position définitive émerge d’un consensus qu’ils soutiendront solidairement.
Ce sont finalement 5 rencontres, de 2 heures chacune, qui auront eu lieu entre septembre 2023 et février 2024. La présence de tous les membres est constatée à chacune d’elles. Un animateur externe est embauché afin de faciliter les échanges.
Lors d’une dernière rencontre, le Comité travail sur la version finale d’une recommandation.
Résumé des rencontres
Des questions ou des pistes de réflexion sont proposées en amont des rencontres, notamment, sur la base des échanges de la dernière rencontre. Le comité se penche d’abord sur l’élimination d’options incompatibles. Ainsi, le statu quo impliquant le braille AOÉ de 1955 apparaît rapidement comme ne pouvant pas être une solution retenue. Ce code braille est jugé archaïque et dans la pratique, il n’est plus enseigné dans la province (selon les informations des membres du comité, un seul individu l’étudiait en 2023).
Après avoir procédé par élimination, deux options seront étudiées de manière plus exhaustive:
- Effectuer un virage complet vers un nouveau code braille abrégé ou,
- À l’instar d’autres pays de la francophonie, choisir officiellement le braille intégral comme code devant être utilisé par les institutions et organismes publics.
Les membres parviennent finalement à définir une position claire, tout en conservant la possibilité de ne pas exclure totalement l’une des deux options. C’est ce qui est représenté par la proposition ci-jointe.
Recommandation
Considérant que les travaux en vue d’une réforme du code braille abrégé français ont débuté sur la scène internationale il y a plus de 23 ans (Accord de Casablanca, 2001);
Considérant que la technologie a depuis ce temps grandement évolué, rendant l’utilisation d’un ordinateur, d’un afficheur braille ou d’un téléphone intelligent, accessible à une forte majorité de personnes fonctionnellement aveugle,
Considérant la démocratisation de nombreux logiciels et applications aujourd’hui accessibles aux personnes fonctionnellement aveugles, permettant l’utilisation simultanée d’une synthèse vocale et du braille éphémère;
Que de ce fait, les vitesses de lecture et d’écriture ne sont plus des avantages indéniables du braille abrégé;
Que de ce fait, le volume occupé par des documents physiques transcrit en braille est de moins en moins un élément à considérer étant donné le virage numérique généralisé;
Considérant que les travaux des spécialistes québécois ayant mené à la proposition d’un nouveau code braille abrégé français sont d’une grande qualité;
Considérant que cette proposition québécoise comprend une centaine de caractères pouvant être pleinement intégré en 12 mois d’apprentissage, contrairement à près d’un millier de caractères et un minimum de 4 ans d’apprentissage pour le braille abrégé orthographique étendu de 1955 (AOÉ);
Considérant que les parties liées par l’Accord de Casablanca semblent avoir suspendu leur collaboration pour une période indéfinie;
Considérant l’importance historique associée à l’utilisation d’un braille abrégé;
Considérant l’intérêt et les préférences de certaines personnes lectrices de braille en ce qui a trait à l’utilisation d’un code braille abrégé pour certaines activités;
Considérant qu’il est déjà possible, au sein des cursus réguliers d’apprentissage du braille ou lors d’un parcours en réadaptation, d’apprendre le braille abrégé français ou d’autres codes;
Considérant qu’il est technologiquement possible d’afficher directement un texte intégral en différentes versions de braille abrégé à partir du moment où les tables braille informatique nécessaires existent;
Considérant la désuétude du braille abrégé orthographique étendu de 1955 (AOÉ);
Ainsi, il est recommandé
Que le braille intégral soit le seul code braille utilisé par les organismes publics dans le développement et le déploiement de toutes offres de services et production physique et électronique de format dédié.
Que les travaux nécessaires à la création d’une table d’affichage informatique correspondant à la proposition du braille abrégé québécois soient réalisés et que le fruit de ses travaux soit transmis aux organisations concernées, qu’elles soient publiques ou privées.
Que les réseaux de l’éducation et de la réadaptation se voient octroyer les moyens conséquents à la réalisation de matériel pédagogique et de formations afin qu’apprendre à lire et à utiliser le braille abrégé québécois soit offert en option dans leur cursus respectif.
Les membres du Comité d’expert sur le braille abrégé,
Le 8 février 2024
Faites vos commentaires
Maintenant que nous vous avons partagé les recommandations du comité d’expert sur le braille abrégé, le RAAQ souhaite avoir votre opinion sur les deux questions suivantes:
- Que pensez-vous de la recommandation que le braille intégral soit le seul code braille utilisé par les organismes publics?
- Que pensez-vous de la recommandation de créer une table d’affichage informatique correspondant à la proposition du braille abrégé québécois et que le fruit de ces travaux soit transmit aux organisations concernées, qu’elles soient publiques ou privées ?
Merci de nous faire parvenir vos commentaires avant le 25 août 2024 par courriel au [email protected] ou par téléphone au 514-849-2018