Qu’est-ce que le programme des aides visuelles?
Géré par la RAMQ, le programme des aides visuelles permet aux personnes ayant une limitation visuelle et résidant au Québec d’obtenir des aides techniques spécialisées. Ces aides techniques permettent aux personnes aveugles et malvoyantes de se déplacer, de travailler, d’étudier, de faire du bénévolat et de vaquer aux activités de la vie quotidienne de manière autonome et sécuritaire. Pensons par exemple à des cannes blanches, mais aussi à des logiciels de lecture d’écran ou des télévisionneuses. Révisé pour la dernière fois en 2011, ce programme est une ressource indispensable pour les 205 920 personnes vivant avec une limitation visuelle au Québec.
Analyse de l’impact du programme des aides visuelles
En janvier 2022, le RAAQ a mené une consultation à l’échelle nationale afin de mesurer l’impact du programme des aides visuelles dans la vie des personnes ayant une limitation visuelle. Les résultats de notre consultation montrent que les bénéficiaires du programme font face à de nombreuses restrictions et lourdeurs administratives qui les empêchent d’obtenir des aides essentielles à leur pleine participation sociale.
Principaux constats de l’enquête
- Une exclusion fondée sur le statut social des bénéficiaires limite l’accès à certaines aides visuelles :
Une personne qui n’est pas en emploi ni aux études ne peut donc pas recevoir d’afficheur braille, de GPS adapté ou de mise à jour de logiciel, pour ne citer que ces exemples. Ainsi, 32% des personnes que nous avons interrogées se sont vues refuser une aide visuelle ou une mise à jour de logiciel en raison de leur statut de personne retraitée ou sans emploi.
« J’aimerais plus de souplesse, certaines personnes de mon âge (63 ans) sont plus actives que d’autres, et souvent je me trouve devant une impossibilité d’obtenir des aides pour mon bénévolat, ce que je trouve frustrant. Je participe activement au soutien et au développement de ma société, je fais du bénévolat dans une école primaire, et j’utilise un lecteur Braille, que j’ai déniché gracieuseté de l’INLB, car il était voué à la casse. Cependant, je ne suis pas éligible pour en recevoir un nouveau si ce vieil instrument de l’âge des dinosaures cesse de fonctionner. Si je n’ai plus de lecteur Braille, je ne peux plus faire mon bénévolat à l’école primaire. J’aide bon an mal an près de 60 élèves qui ont besoin de soutien en lecture, je crois que cela vaut un afficheur braille, non ? »
- La fréquence de renouvellement des aides visuelles ne répond pas aux besoins des bénéficiaires :
Selon des modalités définies par la RAMQ, les aides visuelles qui s’usent plus rapidement peuvent être renouvelées. Par exemple, les bénéficiaires ont droit à deux cannes blanches par année ainsi qu’à trois embouts de rechange pour celles-ci. Cette situation nuit à de nombreux participants qui estiment cela nettement insuffisant, en plus de porter atteinte à leur sécurité :
« On ne devrait pas limiter le nombre d’embouts de canne blanche qu’on peut avoir par année, tout comme on ne devrait pas limiter le nombre de cannes blanches qu’on attribue chaque année, car cela fait en sorte que si j’ai épuisé mes trois embouts attribués pour l’année, je me retrouve à me faire attribuer une canne sans embout, ce n’est pas très sécuritaire. Ça m’est déjà arrivé et j’ai dû m’acheter un embout de canne blanche. Nous ne devrions pas devoir en acheter, c’est pour notre sécurité et c’est essentiel pour le bon fonctionnement de notre aide à la mobilité. »
- Beaucoup de répondants dénoncent les lourdeurs administratives du programme :
La complexité du processus et l’ampleur des démarches par lesquels doivent passer les bénéficiaires pour tenter d’obtenir une aide visuelle en dissuadent plus d’un.
« La lourdeur administrative du système fait en sorte que je ne demande plus rien au centre de réadaptation, j’en ai marre, je m’organise par mes propres moyens au privé. »
Si certaines personnes peuvent se tourner vers le privé pour obtenir des aides visuelles, notons que la plupart des personnes ayant un handicap visuel vivent sous le seuil de la pauvreté et doivent impérativement recourir au système de santé publique, lequel devrait, en principe, couvrir leurs besoins. Malheureusement, bien des personnes perdues dans l’organisation des services et découragées par les contraintes administratives renoncent à demander les aides visuelles auxquelles elles ont droit.
Pour en savoir plus.
Ce ne sont là qu’un aperçu des problématiques soulevées par notre consultation. Les détails de notre méthodologie ainsi qu’une analyse complète des résultats sont disponibles dans le rapport que vous pourrez trouver à l’adresse suivante : https://raaq.qc.ca/readaptation/rapport-de-consultation-programme-daides-visuelles/